Ménager, pour ne pas payer plus tard...
par Michel MartorellInspiré d’un éditorial de The Lantern, écrit par Xiaoyao Xingzhe (Australie)
Un certain schéma se produit de façon récurrente, et va en s'aggravant depuis plusieurs années.

Dans la société moderne, les gens travaillent plus dur qu'il ne leur est nécessaire et bénéfique. En effet, beaucoup absorbent le travail « des improductifs », « du sureffectif », « du personnel superflu » qui ont été licenciés et non remplacés, et doivent faire pratiquement l'équivalent de deux emplois à plein temps, avec la paye d'un seul. Bien sûr, nous pouvons faire quelque chose. Nous avons des plantes pour donner de l'énergie et soutenir l'immunité défaillante, l'acupuncture pour calmer et restaurer le minimum d'équilibre - mais ce n'est pas un remède lorsque c'est la culture qui est malade.
Pour avoir une bonne mesure, je recommande basiquement d’arriver à l’heure (et non avant) et partir à l’heure (et non après !)). Pensez qu’un aborigène passe deux heures par jour pour trouver sa nourriture et celle de sa famille. Et vous ?
Mais cela va encore plus loin que cela. Il se passe quelque chose de différent.
Qu'est-ce qui a changé dans la société, pour que les choses en arrivent là?
Il y a beaucoup de personnes qui cherchent à travailler, alors pourquoi ne pas les embaucher? Pourquoi obliger les meilleurs travailleurs à assurer le travail de deux personnes alors que cela nuit de manière évidente à la qualité du travail qu'ils peuvent fournir dans l'entreprise? De plus, en les brûlant au point qu'ils soient obligés de démissionner, l'entreprise elle-même ne perd-elle pas les compétences et l'expérience de ces personnes qui constitue son métier voire son expertise?
Et voilà l'agent pathogène, le facteur morbide. Dans la culture « après moi le déluge » des chefs de service et des directeurs d'entreprises sous contrat à durée déterminée, une culture dans laquelle la seule chose qui compte est d'améliorer les comptes de résultat aussi vite que possible, car c'est la seule chose qu'ils auront à montrer à leur prochain employeur quand ils seront partis, au bout de deux ou trois ans: « Regardez à quelle vitesse j'ai augmenté les bénéfices de mon service lors de mon dernier job ! Cela mérite un bon salaire. »
C'est très semblable à l'effet des drogues stimulantes, qui paraissent vous donner de l'énergie, mais ne font en fait que puiser dans vos réserves profondes, ainsi, vous jouez maintenant, mais vous paierez plus tard.
Mais voilà, il est intéressant de voir que, comme le corps humain, la société a un moyen de rétablir l'équilibre. C'est une vision normale du monde pour nous thérapeutes de médecine chinoise que la partie reflète le tout. Avec suffisamment de reflets émanant de différentes parties, nous avons une assez bonne idée de comment se comporte le tout. Ce tout peut être un organe du corps, le corps entier, voire le corps social.
En médecine chinoise, on nous apprend à repérer des modèles, des tendances, à prédire dans quel sens le cours de la maladie va évoluer, et à ne pas perdre de vue l'organisme entier, y compris sa relation harmonieuse (ou non) avec son environnement. Lorsqu'on voit des problèmes, on conçoit une intervention qui a pour but d'aider l'organisme à revenir vers son équilibre.
Si vous vous retrouvez à entendre une histoire semblable ou à être dans une situation semblable, parlez de cet article. Lisez-le et amenez-le au travail, mieux encore, arrangez-vous pour qu'il tombe entre les mains du patron ou du manager, qui avec un peu de chance n'est pas en contrat à durée déterminée.
Le mot anglo-saxon "manager" serait un dérivé du français "ménage", dont la définition inclut «économie, bonne gestion des revenus, des biens », mais aussi nettoyage, et donc nettoyage par le vide. Qui, dans un ménage frénétique et systématique, n'a jeté des choses qui quelques jours plus tard lui ont soudain fait cruellement défaut. Comment en serait-il différemment des hommes? On licencie prioritairement ceu

Peut-être serait-il sage de songer à donner à ce mot (et donc par là cette activité) de « manager » un coup de pouce pour le réorienter vers un autre sens oublié: celui de ménager. Ménager les hommes, en leur accordant le confort nécessaire à l'épanouissement de leur valeur, de leur talent et de leur savoir faire. Utopique, ou juste réaliste?
Devant l'urgence qu'il y a à freiner la tournure dommageable qu'a pris le management depuis plusieurs années, ceux qui réfléchissent sur le monde de l'entreprise et sur l'évolution des modes de management pensent, entre autres, à encourager un changement de dénomination de la DRH (Direction des Ressources Humaines) pour Direction des Richesses Humaines. Souhaitons que cette autre intervention légère se fasse rapidement, et actualise elle aussi la promesse de l'axiome de Ye Tianshi:
Une intervention légère peut éliminer un problème profondément ancré.
A titre documentaire :Ye Tianshi 叶天士 (1667-1746) était un médecin célèbre de la dynastie Qing (1644-1911) du comté de Wuxian de la province du Jiangsu. Sous les influences de son grand-père Zifan et père Yangsheng, qui avaient tous deux une maîtrise magistrale de la médecine, Ye Tianshi a accumulé une richesse de connaissances médicales et est devenu un médecin réputé. Comme un enfant, Ye Tianshi aimait apprendre et étudiait avec pas moins de 17 enseignant

Un jour, une femme accouchait difficilement. Plusieurs médecins l'auscultèrent et prescrivirent des remèdes, qui n'eurent aucun effet. Ye Tianshi fut alors invité à tâter le pouls de l'accouchée, et après avoir examiné l'ordonnance, il y ajouta une feuille de platane. Ce jour-là était précisément celui du Commencement de l'automne du calendrier lunaire chinois. Après avoir pris les médicaments additionnés d'une feuille de platane, la femme accoucha d'un bébé dans des conditions favorables.
Cet exemple révéla le principe de base de la médecine traditionnelle chinoise. Il s'agit de "la prise en considération de tout le corps" et de "l'application du traitement suivant les conditions spécifiques et les symptômes".