Santé écologique (suite)

Santé écologiqueSanté écologique (suite)

Voyons maintenant l'écologie qui s’interroge plus avant sur les fonctionnements internes.

laoziDans l'urgence écologique, se trouve l’être humain! Si chacun se prend en charge, l'ensemble de la société évoluera efficacement, et en douceur.

Voici quelques bonnes questions à se poser, et je vous invite à m'écrire pour exposer votre point de vue : 
  1.     Où en suis-je avec ma santé ?
  2.     Suis-je en accord avec la nature ?
  3.     Est-ce que je ressens l’harmonie entre mon corps et mon esprit ?
  4.     Suis-je conscient de mon rapport à la nourriture ?
  5.     Est-ce que je prends du temps pour être dans le silence, le calme ?
  6.     Suis-je détaché de mes émotions ?
  7.     Est-ce que j'accepte de réfléchir sur comment vivre mieux?

Est-ce que je prends du temps pour être dans le silence, le calme ?

Calme et silence ?

Quand on pense au calme et au silence, ce qui vient à l’esprit c’est la méditation. Dans notre civilisation, cela peut paraître incongru de rechercher le silence et le calme, le silence est quelque chose qui n’intéresse personne.

Le silence est défini en général par une absence de tout bruit, de toute agitation.
Le silence, c’est aussi l’arrêt d’un rythme, le vide. C’est aussi se rendre perméable au subtil, au murmure de la vie, inaudible sans le silence.
Le silence et le mutisme ont des significations très différentes. Le silence est un prélude d’ouverture à la révélation ; le mutisme est la fermeture à la révélation, soit par refus de la recevoir ou de la transmettre, soit par autopunition de l’avoir noyée dans le tapage de l’action et de la passion.
Il y a quand même une différence entre le silence et l’absence de bruit.
Le silence par absence de bruit nous gêne. Il semblerait que ce qui ne fait pas de bruit n’ait pas d’importance. L’absence de bruit peut être nécessaire pour réfléchir, mais nous sommes souvent à faire l’inverse. L’expérience du bruit engage toujours avec elle l’expérience d’un « autre », alors que dans le silence… nous nous inquiétons d’être seuls. On considère plus important de réfléchir, de créer, de faire des choses — autrement dit, de « remplir » le silence. En général nous écoutons un son, de la musique, des paroles mais nous pensons que dans le silence il n’y a rien à écouter. Quand personne ne sait quoi dire dans une réunion, les gens sont gênés, le silence met mal à l’aise.

Nous vivons dans un monde où la verbalisation est la règle et le silence l’exception. Nous vivons au milieu d’un torrent de mots ; si bien que la valeur du silence nous échappe le plus souvent. Et pourtant, il est difficile de séparer le silence et la parole, le silence et l’intention de signification. Sans un espace entre les mots, les mots eux-mêmes seraient-ils compréhensibles ? Fondamentalement, le silence comme la parole impliquent une réalité plus profonde et mystérieuse et ce substrat fait que l’un éclaire et donne sens à l’autre. Quelquefois, notre silence se révèle constructif, efficace et loquace plus que mille paroles.
Un silence peut être une réponse, à interpréter, mais il est toujours l’expression de quelque chose que l’on veut dire, communiquer à l’autre. En gardant le silence, quelquefois, on évite de dire ce qu’il vaut mieux omettre. La parole n’est pas le bavardage, et le silence devient une descente en soi.

La descente en soi doit nous amener vers l’être véritable, celui qui est présent dans notre cœur. Des concepts comme le silence et la vacuité nous montrent une direction à suivre, une chose à observer, car la vie moderne a fait éclater le silence et a démoli l’espace. Nous avons créé une société dans laquelle nous sommes sans cesse actifs, nous ne savons pas nous reposer, nous détendre, ni même simplement être. Notre vie est bousculée, notre cerveau brillant s’ingénie à trouver des moyens de nous faciliter la vie et pourtant nous sommes toujours épuisés. Des gadgets sont censés nous faire gagner du temps, nous permettent de tout faire en appuyant simplement sur un bouton, les tâches ennuyeuses sont confiées à des robots et des machines — mais que faisons-nous du temps ainsi gagné ?
Il semble que nous ayons toujours besoin de faire quelque chose, de nous agiter, de remplir le silence de bruit et l’espace de formes. La société met l’accent sur le fait d’avoir une « vraie » personnalité, d’être quelqu’un « capable de prouver sa valeur ». C’est la course au plus fort, le cycle incessant qui nous terrasse.
La personnalité est conditionnée par le mental. Nous ne sommes pas nés avec une personnalité. Pour devenir une personnalité nous avons dû réfléchir et nous concevoir comme étant quelqu’un. Quelqu’un de bon ou de mauvais ou un mélange de toutes sortes de choses. La personnalité est fondée sur la mémoire, sur la capacité à nous souvenir de notre histoire, d’avoir une opinion sur nous-mêmes — nous nous trouvons beau ou laid, aimable ou pas, intelligent ou idiot — et ce regard peut changer selon les situations. Par contre, en développant l’esprit contemplatif, nous pouvons voir au-delà de ces images. Nous faisons l’expérience de l’esprit originel (Yuan Shen), de la conscience (Yi Shi) avant qu’elle soit conditionnée par la perception et son objet.

Le silence nous laisse seuls, seuls dans notre citadelle, ouverte à tous les vents. Le temps prend alors toute sa dimension. Dans le silence, je vais explorer tous les murs, les recoins et mettre à jour l’essentiel. Ces allers-retours entre les profondeurs de l’âme et les hauteurs des brefs instants de Lumière m’amèneront, comme le caillou jeté dans la mare, à passer la superficie ondoyante, les eaux boueuses et à me poser sur le fond clair, là où les trésors sont enfouis. La pierre philosophale est là, au fond de nous. Elle n’attend que nous. Ce dépouillement minéral, cette recherche de la vérité doivent s’accompagner d’une montée vers un chemin spirituel. Ciel – terre (Tian-Di). L’ombre permet d’atteindre la lumière.

Celui qui veut comprendre le monde doit passer par l’univers du silencepour méditer objectivement, parvenir à l’entendement des choses secrètes et faire s’exprimer la simplicité naturelle et la virginité du cœur. La médecine chinoise et le Qigong m’ont amené naturellement à méditer. Je compare souvent mon état en méditation avec un « entre-deux » (voir Espace du trouble et entre-deux - Essai sur la scène intérieure dans la pratique du qigong {non publié}).
Ce mouvement en soi va donner un sens tout particulier à son inscription dans l’axe de la verticalité. Je vais descendre en moi pour tenter de me voir tel que je suis, sans les masques utilisés pour parer au jugement d’autrui. Ce face à face n’est pas facile. Cette lucidité, cette analyse objective ne viennent pas toutes seules. Il faut lâcher prise (Wu Wei). Ce désir de vérité, cette pratique de l’authenticité vis-à-vis de soi peuvent pourtant me rendre semblable au cristal le plus fin, le plus pur : alors, pourquoi hésiter ?

Découvrez « le son du silence ». C’est un moyen très pratique de concentrer l’esprit parce que, quand on commence à y prêter attention (sans pour autant s’y attacher ou s’en glorifier), on arrive à s’entendre penser. La pensée est une sorte de son, n’est-ce pas ? Quand on pense, on s’entend penser et quand je m’entends penser, c’est comme si j’entendais quelqu’un parler. Donc j’écoute les pensées et j’écoute le son du silence.
Mais quand j’entends le silence, je constate qu’il n’y a plus de pensées. Il y a un calme et je prends note, consciemment, de ce calme. Cela me permet de reconnaître la vacuité (Xu Wu). La vacuité n’est pas s’enfermer ou nier quoi que ce soit, c’est un lâcher prise des tendances habituelles à l’activité incessante et à la pensée compulsive.

Le silence doit aussi être un espace pour l’écoute. Le silence intérieur rend disponible par une mise en retrait du monde. Il favorise l’observation et procède à la mise en branle des énergies subtiles. Je dois me mettre en capacité de voir, écouter, observer, ce qui se passe autour de moi et commencer à m’ouvrir aux autres, sur le monde. Vous pouvez complètement arrêter le mouvement de vos habitudes et de vos désirs en écoutant le son du silence. Dans cette écoute il y a l’attention.Il n’est pas nécessaire de fermer les yeux, de se boucher les oreilles ni de demander à quiconque de quitter la pièce. Il n’est pas nécessaire de pratiquer cela dans un endroit particulier, cela fonctionne où que vous soyez. C’est très pratique au quotidien, dans un groupe ou en famille, quand la vie risque de devenir une routine. Dans ces situations, nous avons l’habitude des uns des autres et nous fonctionnons au travers de nos préjugés et des rôles dont nous ne sommes même pas conscients de jouer. Or voilà que le silence de l’esprit permet à tous ces conditionnements d’être vus pour ce qu’ils sont. Quand on sait que tous les phénomènes qui apparaissent disparaîtront, on voit que toutes les idées et les images que nous avons de nous-mêmes et des autres sont conditionnées par le mental (l’habitude, le temps, la mémoire) et que nous ne sommes pas vraiment cela. Ce que vous croyez être n’est pas ce que vous êtes.
Le silence permet ainsi l’apprentissage de l’humilité. Plus de prise de paroles à tort et à travers. Plus de prise à partie des autres. La seule chose à faire est de se taire. Exercice salutaire pour tous, je pense qu’il est bon de l’élargir dans toutes les sphères de notre vie. Le fait de ne pas s’exprimer oblige à réfléchir sur ce qu’on allait dire, à en mesurer la pertinence.

Donc vous pouvez prêter l’oreille ; cette écoute est disponible à tout moment. Peut-être que, au début, il est bon de faire des retraites de méditation ou de vous mettre dans des situations où vous serez rappelé à l’ordre, où vous serez soutenu, où un enseignant vous encouragera à persévérer ; parce qu’il est facile de retomber dans les vieilles habitudes, en particulier les habitudes mentales très subtiles ; le son du silence n’a pas l’air si extraordinaire que cela en comparaison. Pourtant, même en écoutant de la musique vous pouvez entendre ce silence. Il ne gâche pas la musique, il la met en perspective. A partir de là, vous ne vous laisserez pas emporter par elle ni piéger par les sons. Vous pourrez apprécier et le son et le silence.

Le silence redonne de l’importance à la Parole, et également aux sons vibratoires, aux mots sacrés. Leur puissance, cachée pour le profane, est un outil qui doit amener l’initié sur une autre dimension. Une porte de plus pour moi… retournez au silence pour y réfléchir, laissez cette nouvelle piste prendre sa place.

Dans la tradition judéo-chrétienne, le silence trouve sa signification dans la contemplation. Le moine recherche dans le silence le silence de Dieu. Le bouddhisme, lui, ne se réfère pas à une religion, mais à une expérience vécue. Le Bouddha a dit : « Ne faites pas ceci ou cela parce que je l’ai dit moi-même, mais faites-en l’expérience vous-mêmes, vérifiez-le par votre pratique ».
Au cours de l’expérience bouddhiste, nous faisons l’expérience du silence dans son interprétation la plus profonde, le silence sans formes, ni schémas conceptuels. C’est quelque chose qui me parle énormément. Une expérience qui n’est plus basée sur des mots, sur des idées, est ce qu’on appelle une réalisation. La pratique du silence recouvre donc en fait la totalité du chemin spirituel.
Car au bout de la route, le silence revient vers l’harmonie. Dans le calme, tout « prend sa place ». Les futilités du quotidien s’estompent et les valeurs qui comptent à nos yeux resurgissent. Cette harmonie vécue, ressentez-la uniquement dans le silence, le vrai, celui que j’atteins encore rarement. La méditation est un chemin qui mène vers ce rivage, au fond de moi, où dans le calme paisible, les ailes du silence me frôlent doucement. Cette harmonie, connue dans le silence, il faudra ensuite la porter et la rayonner dans le monde extérieur.

Comment faire silence en soi

Renouer avec la nature

Si vous ne vivez pas ou ne travaillez pas avec la nature, alors ce point est celui dont vous avez le plus besoin. Prenez le temps de sortir dans la nature ou de faire du jardinage. Par exemple, vous pouvez parfois vous évader de votre horaire chargé et aller vous promener dans un parc à proximité, ou partir en vacances. Tout ce que vous pouvez faire pour renforcer votre lien avec la nature contribuera grandement à la tranquillité de votre esprit et mettra immédiatement fin à la sur-analyse.
Vous pouvez porter votre attention sur la beauté des arbres, d’une feuille, d’une chute d’eau, du ciel, des montagnes, d’un lac ou sur tout ce qui vous attire. Cela arrêtera immédiatement votre esprit. Lorsque vous vous permettez de faire cela, vous constaterez être en mesure de penser plus clairement tout au long de la journée.

Les cinq sens dans la nature

•    Cherchez un endroit isolé, calme, et mettez-vous dans une position confortable. Essayez de ne pas intellectualiser l’exercice. C’est un exercice d’éveil au silence par l’éveil des sens, non un exercice de prière. Le pont entre le monde et nous se situe dans les sens. Rendez-vous présent à votre environnement, et ainsi présent à vous-même.
•    Commencez par quelques respirations profondes et conscientes.
•    Essayez d’éveiller le plus possible tous vos sens à l’environnement dans lequel vous êtes, sans rationaliser.

Toucher, sensations de la peau

•    Prenez tout votre temps pour apprivoiser le contact avec la matière, sans porter de jugement de valeur ; sentez seulement.
•    Sentez l’écorce des arbres, les végétaux, des cailloux,…
•    Touchez le sol pieds nus pour sentir sa composition, attrapez la terre avec vos mains, sentez ses particules fines, plus grossières,… laissez-la glisser à travers vos mains
•    Prenez conscience de la température de l’air, la chaleur, l’humidité de l’air… (éventuellement, s’il pleut, les gouttes de pluie qui ruissellent sur votre peau)
•    Sentez le siège sur lequel vous êtes assis, …

Ouïe

•    Écouter attentivement tous les bruits qui arrivent à vos oreilles, sans les analyser ou les commenter, le chant des oiseaux, le chant des grillons ; le silence lui-même…
•    Observez le début et la fin de chaque son, sa hauteur, sa gravité, son harmonie, (sa disharmonie),…

Vue

•    Accueillez les couleurs du paysage et laissez les pénétrer en vous,…
•    Observez avec attention les prés, les herbes, les arbres, les oiseaux, les insectes, le ciel, les nuages, le soleil (la pluie), le lac, les montagnes,…

Odorat

•    Essayez de capter les différentes odeurs de votre environnement. L’air n’est jamais exempt d’odeurs : l’herbe du pré, les fleurs, l’humidité de l’air, une odeur de repas qui arrive,…
•    Prenez dans vos mains de la terre, une herbe, une feuille, une fleur, un fruit et humer son odeur…
•    Sentez l’odeur de votre peau…

Goût

Essayez de percevoir les différentes saveurs d’un fruit, d’une herbe, une feuille, d’un légume, de l’eau…

Le silence par la respiration

•    Un exercice fondamental pour arriver au silence est la prise de conscience de la respiration. La plupart des méthodes de méditation l’utilisent.
•    C’est ce que nous apprennent les maîtres orientaux. Il est intéressant de constater que l’observation consciente de la respiration nous conduit au calme et au silence. C’est dans la respiration qu’il est possible de réaliser à quel point le corporel et le spirituel sont inséparables et donc unis par une force vitale.
•    Un petit exercice de 15-20 minutes de prise de conscience de la respiration. Il ne faut pas chercher à modifier le rythme de la respiration : ce n’est pas un exercice de respiration, mais de prise de conscience. Il ne faut pas chercher non plus à comprendre comment vous respirez : ce n’est pas un exercice intellectuel, mais sensoriel. Et chaque fois que vous êtes distrait, revenez à votre respiration.
-    Prenez une position confortable, le dos droit, les yeux fermés, ou légèrement ouverts, selon ce qui vous aide…
-    Laissez petit à petit le calme, la paix descendre sur vous, en vous, sentez votre corps… Prenez conscience de votre respiration… Concentrez-vous sur votre respiration…
-    Écoutez le bruit de l’air qui siffle dans vos narines, qui entre dans vos poumons….
-    Sentez l’air que vous inspirez et que vous expirez
-    Sentez l’air qui pénètre dans vos narines,
-    Sentez l’air qui remplit vos poumons…
-    Sentez l’air qui entre en vous,... la vie qui entre en vous…
-    Sentez l’air que vous expirez, ce qui est non vie que vous expirez…vos soucis, vos tensions, vos problèmes
-    Accueillez ce souffle qui entre en vous, le souffle du divin que vous accueillez en vous à chaque respiration, la vie qui pénètre en vous, dans toutes les parties de votre être…

Se répéter des mots paisibles

Faites attention à quel genre de pensées pouvez vous observer en ce moment même? Très probablement, vous remarquerez que la plupart de vos pensées tournent autour de ce que vous avez fait aujourd’hui, ou sur ce que quelqu’un vous a dit et qui vous a mis en colère, ou même sur des pensées dégradantes de vous-même. Cependant, ne vous sentez pas mal; avec tant de négativité autour de soi, il n’est pas toujours facile de maintenir un état d’esprit positif et cohérent. Toutefois, vous pouvez en effet contrer les mots négatifs grâce à la répétition de mots pacifiques et positifs.
Chaque fois que vous remarquez que vous êtes en train de trop réfléchir ou ressentez l’anxiété ou l’inquiétude faire surface, arrêtez l’élan de ces pensées avec des mots doux, dès que vous en prenez conscience. Quels que soient les mots qui résonnent le mieux pour vous.
Voici des exemples: Paix. Amour. Lumière. Pas de soucis. La vie est belle. Je vais bien.
Bien que ces mots n’apaisent pas complètement votre esprit, ils mettent fin à la boucle analytique, permettent à votre esprit de ralentir et de se concentrer sur des choses qui importent vraiment sur le moment. Les mots portent en eux beaucoup de sens et de puissance, donc utilisez-les à votre avantage à chaque fois que vous vous sentez stressé.

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Suis-je détaché de mes émotions ?

Vous pouvez regarder en tous sens, et constater les nombreux dégâts que génèrent toutes les formes d'attachement, et conclure avec moi que l'attachement, surtout émotionnel, est le chemin qui mène à l'obscurité.
Pour être efficient, constructif, productif, il convient de se détacher de la valeur de choses (matérielles et immatérielles). C’est à travers la prise de conscience de ma place dans le monde que j’accède au détachement. Cette prise de conscience repose en particulier sur trois idées :

  1. Le monde est complexe et aucune chose n’est complètement désirable ou complètement détestable.
  2. L’importance des choses varie selon les lieux, les époques historiques, et les périodes de la vie. Aussi on peut accorder moins d’importance à des possessions particulières, à un mode de vie, à des ambitions, à des critères esthétiques, et aussi aux jugements des autres.
  3. Enfin, je suis libre de me voir comme un individu bardé de droits et de défenses, mais je suis surtout un être qui dépend de, et influe sur, des cercles concentriques d’activité humaine.

Ces trois pensées minimisent l’importance de ce qu’on a l’habitude de faire mais, paradoxalement, ce non-attachement produit une efficacité sans commune mesure avec celle que l’alternance inaction / agitation peut produire. D’abord, le temps gagné sur l’inquiétude et la dépression (émotions Yin) est récupéré pour agir (Yang) ; ensuite, libérée de cette entrave majeure, la pensée peut se développer (Yang) et se concentrer (Yin). Autrement dit, détachement ne veut pas dire « laisser tomber » mais au contraire « bâtir ».
Mais attention : la réalisation de projet, objets, ou performances, ne manque pas de créer son lot de nouveaux sentiments donnant de l’importance à des choses et à la nécessité de les accomplir encore mieux. Le retour à l’alternance inquiétude / dépression est alors immédiat ; mais quand les choses sont comprises, on peut s’en sortir. Le comprendre, c’est aussi savoir que les choses sont impermanentes : rien n’est jamais définitif (ni mes états nocifs ni mes états favorables), et je dispose des moyens de passer d’un état à un autre. Clé du bonheur

Une des clés du bonheur et de l'équilibre

La notion de détachement est l'une des bases fondamentales du bonheur, notamment dans le bouddhisme. En effet, l'attachement, quelle que soit sa forme, est une source de malheurs et conflits. Le fait d'être attaché à quelque objet que l'on peut perdre ou que l'on a peur de perdre, que cela soit à un niveau individuel ou collectif (famille, village, région, pays), peut enclencher des émotions négatives plus ou moins sérieuses. Celui qui est détaché n'est plus la victime de ses émotions, mais un simple observateur ; que peut-il bien lui arriver?

Celui qui veut grandir et évoluer vers quelque chose de plus haut doit considérer d’abord le non-attachement matériel.C’est une souffrance pour certains d’avoir perdu un bien, ou encore pour ceux qui craignent d'être volés d'un bien auquel ils tiennent. Si une personne recherche sincèrement le bonheur, elle n'a pas d'autre choix que d'abandonner progressivement son attachement aux biens matériels éphémères de ce monde, pour s'élever vers une compréhension plus vaste de son existence terrestre. Celui qui a une démarche spirituelle en vient rapidement à accorder toute sa confiance à « ce qui est » (le réel, le divin), car ce réel lui a donné tous les biens nécessaires à son bien-être.

Le détachement émotionnel est la seconde étape indispensable pour celui qui veut s'élever vers la plénitude de son esprit. C'est une étape difficile pour celui ou celle qui est affecté fréquemment par des émotions envahissantes, mais la maîtrise de cela est indissociable d'une vie heureuse. En effet, imaginons une personne très attachée à un proche, et que ce dernier décède. Le choc émotionnel peut engendrer une souffrance insupportable. Et pourtant, en regardant objectivement tout ce qui nous entoure, on ne peut que constater que la mort « physique » de toute chose est inévitable. De cette constatation évidente, il paraît important de comprendre les mécanismes qui régissent notre vie terrestre, tout bonnement pour s'affranchir de la souffrance qui résulte de l'ignorance de ces phénomènes. La solution est de s'engager courageusement dans une voie d'intériorisation, qui va nous permettre de mieux découvrir ce que nous sommes réellement. Le Qigong, la méditation, ou d'autres enseignements spirituels peuvent permettre de découvrir progressivement un autre univers que celui dans lequel on vit. Mais l’évolution intérieure est lente, elle résiste face à l’objectif fixé, aux résultats, à la rapidité, à la compétition occidentale. Renoncer à l’attachement à ces valeurs, c’est : accepter que tout prenne du temps, que l’être humain change lentement. Ce n’est donc pas la peine de commencer un travail intérieur si on n’est pas prêt à y laisser 20 ans de sa vie.

Si l'équilibre d'une personne dépend de conditions extérieures (par exemple avoir une jolie maison, une belle voiture, une situation stable, etc.), et si un seul élément de cet équilibre précaire disparaît (cela arrive inévitablement), et bien cette personne se met en danger, et entraîne également ses proches dans la souffrance qui en résulte. Le bonheur durable lui est impossible, car tout est transitoire sur cette planète. Celui qui est détaché peut posséder de magnifiques objets matériels et avoir de profonds sentiments pour autrui : il remerciera la Vie pour cela, mais il ne sera pas ou peu affecté en cas de disparition de ses biens ou de ses proches.

Non-attachement et détachementLa différence entre le détachement (non-attachement) et l'indifférence est fondamentale. L’individu indifférent passera son chemin devant quelqu’un qui vient d’être victime d’un accident, sans en être affecté. Mais une personne dans l’état de non-attachement essaiera de tout son cœur de sauver cette personne, car par ex. elle ne sera pas paralysée par ses émotions. Le détachement i.e. l’absence d'émotions négatives, n’est certainement pas un manque de compassion et d'amour pour son prochain, mais la faculté de ne pas perdre ses moyens à cause de ses émotions.
L’empathie est un équilibre entre sensibilité et insensibilité. Paradoxalement, l’empathie est aussi proche du détachement que de la bienveillance. En effet, comprendre la souffrance d’autrui consiste aussi parfois à ne pas interférer avec celle-ci. Par exemple, si nous sommes tentés de nous énerver contre quelqu’un qui s’énerve, contre un enfant qui pleure, contre un membre de notre famille qui ne parvient pas à mener sa vie de façon raisonnable, c’est plus par sensibilité que par dureté de cœur. Dans tous ces cas, nous aimerions faire quelque chose mais nous nous sentons impuissants ; nous sommes mis en danger affectif et nous tendons à nous mettre en colère.
Il serait préférable de ne pas ajouter du mal au mal et de ne pas réagir violemment à la souffrance d’une autre personne, même et surtout si cette souffrance amène cette personne à se comporter de façon violente ou asociale. Si nous pouvons faire quelque chose pour l’apaiser, faisons-le. Si nous ne le pouvons pas, nous pouvons considérer la souffrance qui nous fait face ; nous concentrer sur notre envie de réagir et en examiner les causes (peur d’être mis en danger ; sentiment d’impuissance ; peur de l’opinion d’autres personnes, etc.) ; nous pouvons renoncer à mettre les désagréments que la situation nous cause au-dessus de la souffrance qui nous fait face ; et enfin accéder à, et nous maintenir dans, un état de détachement dans lequel nous ne ressentons plus d’envie de réagir. Essayez.

L'amour universel et le détachement vont de pair. L'amour humain est souvent possessif envers autrui. On « tombe » amoureux. L’amour est bien entendu sincère en ce qui concerne ses proches, et cela est mieux que de ne pas avoir d'amour du tout, mais cela peut devenir étouffant. Celui qui a atteint l'amour universel aime tout le monde, de tout son cœur, et « élève » en Amour. Il va offrir à son interlocuteur/trice, par exemple, toutes les possibilités de s'épanouir en lui faisant exprimer (accoucher cf. maïeutique, μαιευτική) ses propres connaissances. Il ne va jamais lui imposer ses idées, mais juste les partager, et laisser celui-ci ou celle-ci libre de ses choix et de ses convictions. Celui ou celle qui vit dans l'amour universel ne culpabilise personne, n'impose jamais sa propre logique à ses proches, ne cherche pas à dominer autrui. Il a toujours un comportement encourageant pour tous, sans rien demander en retour. C'est un esprit libre qui infuse ce même esprit de liberté, avec intelligence et discernement, à tous. Pas facile, n’est-ce-pas ?

Comment se détacher des émotions?

HumilitéTrois méthodes: 1) faire face aux sentiments, 2) se concentrer sur soi-même 3) utiliser des techniques pour se détacher.

Méthode 1 : faire face aux sentiments

1) Étudiez les raisons de vos émotions.

Prenez conscience de la raison des réactions excessives. Il se peut que vous vous sentiez ému(e) pour une de ces trois raisons, à savoir :

2) Acceptez votre état émotionnel.

De façon paradoxale, si nous reconnaissons que nos émotions sont normales et valables, nous avons la possibilité de nous en détacher. Elles nous fournissent des informations sur notre état actuel. Tout comme une douleur physique, les sentiments négatifs (la tristesse, la peur, l'anxiété, la colère, le stress…) sont comme un signal d’alerte lorsqu'un problème se présente.
La prochaine fois que vous aurez à éprouver une émotion douloureuse : « Je suis énervé(e) parce que... » Cette colère me renseigne davantage sur la manière dont je réagis face à cette situation et me permet de prendre une décision par rapport à cela. « C'est normal que je sois en colère. » La colère en question n'est pas le problème, mais c'est la réaction que vous avez sous l'emprise de ce sentiment qui l'est. L’ignorer ou l’étouffer pourrait le renforcer.
Si vous acceptez vos émotions et que vous y fassiez face sainement, elles s’épuiseront, ce qui vous donne maintenant la possibilité de vous en débarrasser efficacement lorsque vous le voulez. À cet instant, faites l'effort de respirer profondément et d’ancrer la sensation d'apaisement dans votre corps par un massage par exemple. La première étape est un processus mental qui est lié à la diminution de l'anxiété et la seconde étape est une action physique que vous pouvez faire afin d'engager la sensation d'apaisement de votre corps.
Pour gérer cela, vous pouvez faire une sieste, vous promener, faire un massage, sortir avec votre animal de compagnie, écouter de la musique, boire du thé et même embrasser votre partenaire.

3) Journalisez vos pensées et sentiments.

Ne gardez pas en vous la confusion, la colère et autres émotions négatives. Exprimez ces sentiments par écrit pour guider les émotions difficiles afin que vous puissiez vous en détacher au moment opportun.
Pour ne pas ruminer vos pensées négatives, essayez d’aborder la situation d’un point de vue différent (mettre en place un « observateur »). Par exemple, si vous pensez « Cette personne est stupide ! », vous pouvez aussi penser « Cet être humain pourrait être en train de traverser une situation difficile et il réagit de cette façon pour faire face à sa colère ou sa tristesse. » Un peu d'empathie permet toujours de régler les situations et les individus difficiles.

4) Pratiquez une activité physique.

Partez en promenade, faites du vélo ou n'importe quelle activité qui vous fait bouger. Le sport constitue une excellente technique de fixation et de divertissement, même si j’ai une préférence pour le Qi Gong.

Méthode 2 : mieux se connaître

1) Faites une autoévaluation.

2) Acceptez qui vous êtes.

3) Fixez des limites

Méthode 3 : Utiliser des techniques

1) Faites preuve de sagesse (sagacité)

2) Gardez une distance émotionnelle en pleine conscience.

Le fait de créer une distance émotionnelle est une bonne idée si vous devez faire preuve d'empathie envers quelqu'un, sans être trop affecté par les émotions de cette personne. La pleine conscience est une technique indispensable pour atteindre un degré d'empathie qui réduit la possibilité d'être accablé par les émotions de l'autre personne. Pour vous entraîner vous pouvez :


3) Respirez profondément.

4) Remplacer 1000 pensées par une seule

5) Pratiquez encore et encore

Les exercices proposés ne sont pas magiques et ne stopperont pas net les émotions douloureuses. Mais l’intellect finira par apprendre à mémoriser les choses et vous pouvez vous mettre à penser naturellement à des situations rationnelles et tranquilles.


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Est-ce que j'accepte de réfléchir sur comment vivre mieux?

Comment vivre mieux

En rédigeant cet article j’ai découvert qu’il existait un Indicateur du vivre mieux, qui recense différents critères du « vivre mieux ». {http://www.oecdbetterlifeindex.org/fr/ }
Tous ces critères procèdent exactement des mêmes raisonnements et structures de pensées fondées sur la possession (l’Avoir), sans s’interroger plus avant sur les fonctionnements internes de l’Être et de ce qui fait son bonheur.

Depuis toujours, l’homme pense à ce qui contribue à son bonheur. Les sages, les philosophes, les scientifiques et les sociologues s’y sont exercés et aujourd’hui les psys. Des courants récents de la psychologie s’essayent à introduire une rigueur méthodique dans la mesure du bien-être, établissant « la » norme du « vivre heureux ». Servi à toutes les sauces, voici ce qu’il faudrait pour être heureux : il faut cuisiner comme un chef, décorer sa maison comme un pro, acquérir tel gadget amusant mais superflu, avoir la bonne taille et le bon costume ou le bon tailleur, avoir un orgasme à chaque relation et ainsi de suite. Le message est clair et insidieux du formatage de notre mode de vie.
Rien n’est plus difficile à définir que le bonheur, ni plus variable. Mais surtout, rien n’est plus personnel ! Il n’y a pas de normes. Les seuls critères qui définissent notre bien Être (et bien-être) ou notre mal Être sont ceux qui nous sont propres. Ils sont du domaine de l’Être et non de l’Avoir.
« Réfléchir, c’est déranger ses pensées » disait Jean Rostand in Pensées d'un biologiste (1967). Quelles sont ces pensées qu’il faut déranger pour mieux vivre et trouver le bonheur ?

Les croyances ont le pouvoir de guérir ou détruire

Notre compréhension du monde s’enracine dans nos croyances et ce qu’on croit se transforme en conviction qu’on ne met plus en doute. Nous filtrons sans conscience les événements afin qu’ils n’ébranlent pas nos idées, et nous en cherchons même la preuve dans notre environnement. C’est le fondement de nos croyances. Elles nous paraissent aller de soi, aussi longtemps que rien ne les remet vraiment en question.
Mais un jour, quelque chose nous bouscule. Nos schémas intérieurs ne suffisent plus à expliquer ce qui nous arrive. Nos croyances ne correspondent plus vraiment au réel qui s’impose à nous. Elles constituent alors un frein à notre évolution, deviennent des émotions/sensations/résistances contre lesquelles nous luttons. Nous pouvons y réfléchir (penser), mais cela requiert un effort. Il n’est pas aisé de remettre en question ce en quoi nous avons cru pendant longtemps.
Les croyances ont une puissance folle. Elles ont autant le pouvoir de guérir que de détruire.

Croyance n°1 : être heureux, c’est tout le temps !

Être heureux consisterait-il à éprouver une succession ininterrompue de sentiments agréables ? Si l’on ressent de l’envie ou de la colère, si l’on doute ou si l’on est déçu, triste ou anxieux, serait-ce qu’on n’est pas vraiment heureux ? Rassurez-vous, seuls les psychopathes et les morts ne connaissent pas ces émotions-là!
On se gâche la vie à croire qu’on devrait être comme ceci ou cela : on devrait être au courant de ce qui se passe dans le monde et avoir une conscience politique, on devrait avoir telle couleur de peau ou telle silhouette, on devrait avoir une certaine culture, connaître les bons vins, avoir lu cet auteur en vogue, on devrait avoir plein d’amis souriants autour de sa table, on devrait s’y connaître en musique ou en mode vestimentaire, être marié et avoir des enfants… C’est sans fin et cela dépend de ce qu’on nous a mis dans le crâne autant que du besoin étrange de se déprécier par comparaison. On s’attriste parce qu’on ne voit pas qu’on a une vie, somme toute, assez agréable. Elle ne ressemble peut-être pas à celle des autres, ni à celle dont on rêvait, mais elle nous convient.
Être heureux nécessite un véritable travail qui commence déjà par la définition même du concept (avant d’abandonner la notion même de concept, mais c’est une autre histoire !). Peut-être confondons-nous le bonheur et la (ré)jouissance ?
Tout bonheur contient sa part d’ombre, quelle que soit la manière dont on le conçoit. Clarté avec des zones sombres ou obscurité avec des bulles de lumière ? Vivre n’est ni facile, ni réjouissant et tous les adultes le savent intuitivement : le bonheur dont on rêve n’est qu’un rêve !
Cette façon de voir nous permet de penser que c’est assez normal si nous n’accédons pas à cet état quasi obligatoire de bonheur, et nous sommes sans doute loin d’être seuls à partager ce sentiment d’échec, qui en devient dès lors plus humain et d’emblée moins grave. La notion même d’échec en perd sa connotation culpabilisante.
La tristesse est inévitablement liée à notre faculté d’aimer et de ne pas toujours l’être assez ; le découragement, à nos ambitions qui ne se réalisent pas selon nos souhaits. Le chagrin et ses variantes font partie des émotions naturelles de l’homme, mais on nous dit dès l’âge tendre qu’on n’a pas de raison d’être triste et qu’il faut sécher nos larmes.
La colère traduit la frustration lorsqu’on n’obtient pas ce qu’on veut, mais aussi l’énervement, d’être incompris ou frustré, de ne pas exister aux yeux de l’autre tel qu’on en a besoin. La colère n’est pas toujours synonyme d’agression, mais bien souvent de défense. Elle est parfois indispensable pour arriver à se protéger et à se faire respecter. Il y a une nuance considérable entre le fait de défendre légitimement son territoire et envahir celui de l’autre. (J’ai vu dernièrement un film d’animation Vice-versa qui illustre parfaitement ce propos sur l’utilité de la tristesse ou de la colère).

Croyance n°2 : il faut faire pénitence du passé

Traîner des remords ou des regrets constitue une manière de se gâcher l’existence. On ne refera jamais le passé. Ce qui a eu lieu, a eu lieu. Les échecs et les erreurs font partie de la vie. Ce sont parfois de vraies blessures, mais la cicatrisation est entre nos mains.
Les regrets nous rappellent que nos projets n’ont pas tous abouti, qu’on a échoué ou que nos espoirs n’ont pas été rencontrés. On trimbale nos regrets comme une nostalgie d’un passé qu’on aurait souhaité différent, qui fut imparfait mais qui est à jamais révolu. Si on n’arrive pas à tourner ces pages décevantes, elles se transforment en lamentation, en plainte ou en affliction. Les regrets portent sur des choses qu’on a vécues et qu’on voudrait revivre, ou sur des choses qu’on n’a pas pu vivre et qu’on voudrait rattraper, mais c’est trop tard. On regrette de ne plus pouvoir vivre une période révolue, on regrette d’avoir perdu un objet qui nous était cher, on regrette un choix qui s’est avéré erroné. Les regrets traduisent notre impuissance à revenir sur le passé.
Les remords sous-entendent une culpabilité qui ne s’efface pas. On baigne dans une pénitence perpétuelle, une honte hypocrite et stérile parce qu’on ne fait rien, si ce n’est se flageller. Si on ne peut changer le passé, on peut à tout le moins en alléger la charge en reconnaissant ses erreurs, en présentant ses excuses ou en tâchant de réparer. C’est grâce à cette reconnaissance que la personne lésée peut éventuellement accorder son pardon. Le remords s’exprime et se transforme alors en sentiment moral fondateur, qui nous place face à notre conscience. Le verbe se fait acte, crée la concorde et dessine un avenir possible.
La mauvaise conscience n’est pas mauvaise en soi, elle est notre conscience en marche, elle nous pousse à exprimer la vérité qui, si elle est tue, nous fait macérer dans l’angoisse. Mais avouer a aussi ses limites lorsque cela devient une habitude : la dérive de la repentance, c’est « trois pater et deux ave », mea culpa et amen.
Culpabilité et responsabilité forment les deux faces de l’examen de conscience qui nous force à reconsidérer notre rôle dans ce qui nous arrive, tout autant que dans ce que nous allons en faire. Il est temps de sortir de l’auto-flagellation stérile et de reprendre les rênes de notre vie.

Croyance n°3 : il faut avoir peur de l’inconnu

« L’échec est le fondement de la réussite. » pourrait dire Laozi.
Beaucoup de dangers qui nous guettent ne sont pas inventés mais tous ne sont pas observables. Il en est un qui dans sa nature même est toujours devant nous : l’inconnu.
Quand un enfant ne veut pas manger un aliment qu’il ne connaît pas, la plupart des parents insistent : « Mais goûte, au moins ! Ne serait-ce qu’une bouchée, avant de décider que tu n’aimes pas ! » Ils ne veulent pas que leur enfant se prononce sans avoir essayé, c’est normal.
Cette exigence légitime est pourtant loin d’être suivie par eux-mêmes face à l’inconnu. Ils n’osent pas essayer ce qu’ils ne connaissent pas. Ils présupposent qu’ils n’aimeront guère avant même d’avoir fait le premier pas. Ils ont peur de se tromper, peur d’être ridicule, peur d’être déçu ou maladroit, peur de redevenir un débutant… Mais les adeptes du contrôle ne veulent courir aucun risque, ils veulent dominer la situation avant même d’avoir essayé, savoir avant d’apprendre, être maître avant de s’entraîner. Ils rêvent d’être instantanément des experts, de savoir nager avant de sauter dans l’eau !
La peur de l’inconnu, c’est la crainte d’être bousculé, de perdre une maîtrise bien plus illusoire que réelle et de devoir improviser. C’est la crainte de se rendre compte qu’on est pétri d’idées inadaptées et de solutions irréelles. La vie est un voyage vers l’inconnu et nos bagages sont pleins de remèdes inutiles contre maladies, dangers et complications invraisemblables : des dizaines de kilos d’angoisse (au propre et au figuré). Pourquoi dans ce cas, ne pas partir, ne pas explorer, ne pas avancer ? Rester dans nos petites habitudes bien sécurisées ? Mieux vaut s’ennuyer chez soi que rire (vivre) ailleurs !
Et après tout, pourquoi ne pourrait-on vivre pénard dans son pré carré bien clos ? Parce que l’inconnu s’invite tout seul ! L’inconnu, c’est demain. C’est l’incertitude même de l’existence. Accueillir l’inconnu, c’est s’ouvrir à la vie, l’accueillir avec sa part d’imprévu et ses exigences d’adaptation. L’inconnu, c’est être seul ou relié au monde. L’inconnu, c’est cette femme qui vous fait homme (et vice-versa), cet enfant qui vous fait parent, cet exil qui nous fait étranger, cette restructuration qui nous fait chômeur, cette maladie qui nous fait invalide ou ce billet qui nous fait millionnaire !
L’inconnu, c’est le mouvement même de la vie, et craindre l’inconnu, c’est appuyer des deux pieds sur le frein.

Croyance n°4 : L’espoir fait vivre

N’espérez pas que l’autre change, personne n'a ce pouvoir. Il fera son chemin s’il en est capable, s’il le souhaite, et s’il est motivé. On ne peut s’appuyer que sur le passé et la réalité du présent, non sur des espoirs d’évolution, ni sur un futur rêvé. C’est avec le présent tel qu’il est que nous construisons l’avenir, et non avec un avenir désiré que nous pouvons bien vivre le présent. Ce serait bâtir une maison sur un rayon de soleil…
Il n’est pas mauvais de temps en temps de remettre en question ces petits proverbes gentils avec lesquels on termine une discussion, afin d’éviter qu’ils ne continuent à nous servir d’excuses et à nous conforter dans des choix erronés. « L’espoir fait vivre » est de ceux-là. La suite de la maxime, qu’on connaît moins, devrait nous mettre en garde : « et l’attente fait mourir. » Le pendant chinois dit « C’est dormir toute la vie que de croire à ses rêves. »
Est-ce que l’espoir nous fait vraiment vivre ? Parfois, me direz-vous, mais de quelle vie, de quelle qualité sont faits ces jours d’espoir, ces jours d’attente ? Par essence même, il nous tire vers quelque chose qu’on n’a pas, qui est à venir, du moins c’est ce qu’on voudrait croire. En attendant, que fait-on de ce qu’on a ? « Le plus grand obstacle à la vie est l’attente, qui espère demain et néglige aujourd’hui» disait déjà Sénèque au Ier siècle de notre ère (in La brièveté de la vie).Comment jouit-on de notre aujourd’hui qui est le seul vrai moment où l’on vit, lorsque toutes nos pensées sont focalisées sur demain ? Comment vit-on notre ici quand nos rêves nous tirent vers ailleurs où on ne vit pas ?
Espérer c’est être ailleurs, espérer c’est être demain, espérer c’est aimer ce qu’on n’a pas, au détriment de ce que l’on a vraiment, même imparfait. Il ne s’agit pas, comme le suggère une lecture simplifiée du bouddhisme, de supprimer les désirs : si on ne désire rien, on ne souffre pas de l’absence de l’objet de son désir. On est dans l’instant, dans l’être calme et satisfait, etc. C’est une voie paisible, mais ce n’est pas ce à quoi je vous invite. Le désir fait partie de la vie, il est beau et sain. Le désir est un stimulus vivant qui nous meut et nous émeut, qui est le moteur de bien des changements, qui nous tire vers l’avant, nous nourrit de joie, de force et de créativité. Désirer implique le mouvement, tandis qu’espérer signifie l’attente. Une forme discrète de souffrance passive. Aimer ce qui n’est pas. Se nourrir de vide…
Mais nous pouvons libérer ces désirs. Quand nous les libérons, nous pouvons avoir ce que nous désirons et rester motivés. Nous laissons simplement tomber notre sentiment de privation et de manque.
Nous entrons dans la vie avec des tendances qui peuvent être des prédispositions génétiques ou environnementales ou des préférences tout simplement. Sans prendre forcément le dessus sur notre vie, elles ajoutent simplement une dimension à ce qui est vécu. Au moment où nous atteignons l'âge adulte, nous avons souvent appris à transformer nos besoins ou désirs sous-jacents en désirs adultes. Par exemple, nous pourrions assimiler conduire une voiture au désir de contrôle, ou avoir de l'argent au désir de sécurité. C'est une des raisons pour lesquelles le bonheur que nous obtenons en obtenant les choses que nous voulons est souvent de courte durée. Nous croyons seulement que nous les voulons.

D'après mon expérience, l'autre raison pour laquelle nous ne sommes pas complètement satisfaits en «obtenant ce que nous voulons» est que nous ne pouvons pas obtenir ce que nous voulons vraiment depuis l'extérieur. Néanmoins, beaucoup de gens se refusent les choses qu'ils croient vouloir, parce qu'ils pensent qu'ils ne peuvent jamais les avoir, ou qu'on leur dit que c'est mal de les vouloir.

Accepter, mais sans violence !

Les fonctionnements qui nous gâchent la vie sont souvent complexes et embrouillés de telle sorte qu’ils renferment des aspects « à accepter» et d’autres « à changer ». Tout accepter paraît impossible, mais tout changer l’est tout autant.
« Ce que j’accepte se transforme en paix intérieure » dit-on. Cette phrase se transforme souvent en exigence intérieure, en « je DOIS accepter tout ce qui est ». Commence alors le tourment intérieur de vivre l'incapacité à accepter autant qu'on le voudrait, et on subit ce qu’on a accepté... Du coup, on se juge nul, incapable, etc., bref, on se traite avec beaucoup de violence, ce qui ne fait que nous éloigner de la précieuse paix intérieure vers laquelle l'acceptation était sensée nous conduire...
La pensée positive est un choix qui n’accepte pas. C’est nous duper en forçant le « négatif » à s’enfoncer dans l'inconscient. N'est-il pas plus honnête de voir les choses telles qu'elles sont, avec le négatif aussi essentiel que le positif ? Si vous ne choisissez pas, si vous restez dans une conscience sans choix, votre vie commencera à exprimer quelque chose qui est au-delà du positif et du négatif, ce qui est plus élevé que les deux (le non-deux). Ce n’est pas négatif, ce n’est pas positif, c’est existentiel.
Accepter véritablement, sans violence, c’est ACCUEILLIR cette réflexion nécessaire.

Réfléchir, mais ne pas penser !

Notre réflexe est souvent de vouloir transformer le monde extérieur pour qu’il soit différent de ce qu’il est et pour qu’il corresponde à nos souhaits. Cela demande beaucoup d’efforts, sans pour autant que nous obtenions ce que nous avons souhaité. Il apparaît très vite que transformer notre regard rend le monde tel qu’il est bien plus apte à vivre mieux.
Je peux distinguer plusieurs étapes qui constituent un pas dans le fait de réfléchir (refléter!) en soi le monde, et d’aller vers un mieux vivre. Il m’apparaît qu’il n’est pas important de comprendre un problème mais plutôt de s’en libérer. La Vie est un mystère à vivre et non une énigme à résoudre.

Il y a un problème !

Voici quelques étapes que l’on peut observer :
• Réaliser que quelque chose ne va pas en soi, qu’on peut agir sur son état de souffrance.
• Comprendre que le changement de soi est possible.
• Réaliser pleinement que le changement est en soi et seulement en soi.
• Regarder quelles émotions/sensations/résistances ce « quelque chose qui ne va pas » suscite (ce qui en fait un problème)

Je peux le dissoudre !

• Réaliser qu’il existe une méthode qui permet le changement en soi et commencer à la chercher.
• Se permettre d’accueillir l’émotion/sensation/résistance (tout le monde a bien remarqué que se battre contre ou nier ne sert à rien !) : c’est ce que j’appelle réfléchir, refléter l’émotion-barrière i.e. l’accueillir sans jugement. La dissoudre semble plus efficace que la résoudre.

Je lâche, maintenant !

• Accepter d’avoir la capacité de (re)lâcher l’émotion/sensation/résistance.
• Accepter de vouloir la laisser partir pour en être libéré.
C’est déjà vivre mieux !

Que toutes choses prospèrent en paix.

雷宓谐  dit Michel