Traduction du document de présentation de la conférence de Zhang Mingliang du 13ième Colloque International de Qigong de Shanghai du 31 juillet 2015.
Différenciation des syndromes et approche holistique de la médecine chinoise généralisée
par Zhang Mingliang
Membre du comité permanent de l’Association chinoise de
Qigong de Santé
Quatorzième héritier de l’école de l’alchimie interne de Emei
Président de l'Institut de médecine chinoise Huang Ting de Pékin
SOMMAIRE
1 - «Qigong, diététique et thérapeutique combinés » et « vue
holistique de la médecine chinoise »
2- le Qigong, la
diététique et la thérapeutique combinés ont une longue histoire bien établie
3- Grandeur et
profondeur de la combinaison du Qi Gong, de la diététique et de la
thérapeutique
4- Caractéristiques de
la combinaison du Qi Gong, de la diététique et de la thérapeutique
Résumé
La sagesse de la médecine chinoise est éternelle, et sa lumière brille depuis des milliers d'années. Elle est désormais reconnue et accueillie par de plus en plus de personnes. Le Qigong, la diététique et la thérapeutique combinés sont une approche typique de la médecine chinoise, à la fois pour guérir la maladie et prolonger la vie. C’est la manifestation et l'application de la philosophie de la médecine chinoise holistique que la nourriture, les (plantes) médicinales et le qigong puissent être utilisés dans des combinaisons différentes, en fonction du moment ou du lieu, en ciblant différents individus et des symptômes différents.
Mots-clés
药饵气功疗法 le Qigong et la diététique thérapeutiques
大中医观 Médecine chinoise holistique
天人合一 le ciel et l’homme sont Un (harmonie entre l’homme et la nature)
系统化辨证 La différenciation systématique des syndromes
1 - le Qigong, la diététique et la thérapeutique combinés (Yào ěr qìgōng liáofǎ)
L’aspect thérapeutique se réfère à la médecine traditionnelle chinoise, comprenant les plantes (药 Yào) et toutes les techniques qui s’y rapportent;
Le terme 饵 ěr (gâteau), également appelé 食饵 shí ěr (plat), 药饵 yào ěr (médecine), 服饵 fú ěr ou 服食 fúshí (pilule taoïste), se réfère à l'ensemble des régimes et des techniques alimentaires;
Le Qigong, est connu depuis l’antiquité sous le nom de Dǎo yǐn (exercices), ànqiāo (massage), tǔ nà (exercices respiratoires), xíng qì (activer le Qi), Fúqì (se sentir bien), cún sī (calme mental), et fait référence à toutes les formes de thérapies et techniques qui permettent l'autorégulation du Qi, du corps et de l’esprit;
La thérapie par le qigong, la dialectique (propre à la)
médecine, l'alimentation, le qigong en tant que (méthode de) traitement et
prévention, forme ensemble une méthode de traitement et de pensée complète, qui
s’intègre dans le grand concept global de la médecine chinoise, dont la
caractéristique est la démarche différentielle dialectique et holistique.
L’idée que l'homme et la nature sont Un, signifie qu’il y a un lien de causalité entre les choses dans le monde ; dans cet immense ensemble, il existe la « partialité» et l'existence indépendante, et que nourrir la santé en « utilisant le genre pour nourrir le genre » et guérir « en rectifiant les erreurs (excès) » sont des idées et des méthodes basées sur cette compréhension, ceci signifie que tout peut servir de «médecine». Ce point de vue incarne pleinement la vision du monde systémique, la cosmologie et la philosophie du peuple chinois, qui met davantage l'accent sur les gens et est axée sur l’homme et le monde naturel, indiquant qu’il ne faut pas séparer l’existence individuelle de la relation.
2 - le Qigong, la diététique et la thérapeutique combinés ont une longue histoire bien établie
Dans les classiques de médecine chinoise de l’antiquité et les enseignements qui s’y réfèrent, les exercices chinois de qigong et la phytothérapie sont sur un pied d'égalité, en une application unifiée.
Il y a 2000 ans, « le classique de l’Empereur Jaune » parlait non seulement de la variété de méthodes et caractéristiques spécifiques du qigong, mais aussi relatait les principes et les fonctions de la médecine, de la diététique et d'autres aspects, et proposait de nombreux qigong, remèdes, aliments, exercices, massage et moxibustion, selon le point de vue (de la MTC) et le diagnostic différentiel.
Vers la fin de la dynastie des Han de l'Est un célèbre
médecin, spécialiste de la santé, Hua Tuo, a non seulement réalisé de grandes
choses en chirurgie, mais aussi dans le domaine des plantes, du qigong et de l'acupuncture.
D'autres, comme le célèbre médecin de la dynastie des Jin qui a atteint de très hautes réalisations, Ge Hong, ou pendant la dynastie des Tang le « roi des remèdes », Sun Simiao, (ou encore) pendant la dynastie Ming le médecin remarquable Li Shizhen, tous attachent également une grande importance à l'utilisation combinée en thérapie de médicaments, aliments et qigong.
Les Classiques bouddhistes secrets, les écrits taoïstes des paysages internes ont tous un contenu coloré, riche et varié.
3 - Profondeur et grandeur du Qigong et de la diététique thérapeutiques (Yào ěr qìgōng liáofǎ)
Yao Er est le terme moderne pour parler de la diétothérapie, et des sciences de la nutrition. Selon le principe de la différenciation des syndromes pour établir les principes de traitements, en utilisant les médicaments (Yao Wu) et les aliments (Shi Wu) comme matières premières, et en passant par un processus spécial de formulation, de transformation (décoction) et de cuisson, choisir le médicament par la nature (Xing), utiliser la saveur (Wei) des aliments, fait qu’un médicament amer devient un met délicieux et délicat, mêlant les soins de santé, la prévention et le traitement des maladies dans le régime alimentaire quotidien de la famille, combinaison parfaite de l'alimentation et des médicaments.
On possède une méthode choisie, facile, simple, efficace et sans effets secondaires toxiques, que les anciens médecins vénéraient.
Présentation de la diététique chinoise traditionnelle
1. Diverses formes
On peut diviser selon les pratiques, la pâtisserie
(gao dian), le yaourt (Sulao), la crème gelée, la soupe, le braisé, la cuisson
à la vapeur, (les aliments) grillés, frits, mijotés en ragoût; ou selon l’ingrédient en six catégories comme la chair et les produits sanguins, les herbes, les
légumes, les champignons, les épices, les produits minéraux; la nature des
huiles animales et végétales peut être divisée en deux catégories : « porte
animale (Viande et poisson) » et « porte légère ».
2. Mettre en pratique la différentiation alimentaire
On différencie les aliments selon leur apparence, leur odeur ; le diagnostic (médical) se fait selon quatre méthodes distinguant les signes cliniques, symptômes et signes combinés, par l'analyse, la synthèse, (permettant de) discerner la cause de la maladie, sa nature, son emplacement et le « pervers » (agent pathogène), la relation entre le (Qi) correct et le « syndrome », afin de déterminer l'approche thérapeutique appropriée. Ainsi, en ne faisant pas attention à l’alimentation et aux ingrédients délicieux, on peut perdre une clé de régime, résultant en « production de graisse »; « toutes les maladies entrent par la bouche », i.e. une porte ouverte aux maladies qui envahissent le corps.
3. Harmoniser yin et yang
Un aliment a des propriétés yin et yang, comme par exemple « le piquant et le doux qui se dégagent sont Yang, l'acide et l'amer qui font vomir et qui purgent sont Yin, le salé qui provoque le vomissement et qui fait descendre est Yin, le fade qui élimine l'Humidité appartient au Yang »[1], sa fonction peut être de rassembler, ou disperser, ou ralentir, ou accélérer, ou assécher, ou humecter, ou ramollir, ou durcir, et avoir des effets différents sur le corps humain.
Le régime alimentaire est très particulier à propos du
mélange yin et yang, la prescription ne peut être trop yin sous peine d’entraîner
stagnation et fatigue, mais aussi pas trop piquante et chaude en cas de colère.
Par conséquent, on peut servir une prescription alimentaire et lors de la fabrication,
introduire dans les aliments yin, du poivre (hujiao), du poivre sauvage
(huajiao), du champignon parfumé, du galanga, de la cannelle et autres produits
chauds, afin de modérer le yin nourrissant, et soutenir le Yang et le feu digestif
((notamment) lorsqu’on mange du choux frais (baicai), du chou (qingcai), baimaogen,
pousses de bambou, pousses de bambou séchées, et autres produits frais ou
froid, en utilisant des produits doux et chaud qui tonifient le Yang pour
neutraliser (le froid des aliments de nature froide ou crus).
4. L’orientation des 5 organes
Selon la vision chinoise, le corps humain contient cinq organes (internes) en son sein.
La relation mutuelle entre les organes est à la fois biochimique et une coordination interdépendante qui maintient conjointement les activités normales de la vie de l'organisme. Peu importe quel organe tombe malade (ou défaille), il affectera inévitablement un autre organe, ‘un peu’ sera nocif pour la santé, mais si ‘sévère’ cela peut mettre la vie en danger.
La médecine chinoise antique alchimiste (Dan Dao) s’origine dans les cinq organes au cœur d'une série de traitements par les médicaments, la diététique, le qigong.
Une catégorie de médicament traite les organes nommés (dans l’alchimie interne) la Vieille Dame Jaune (Huangpojing i.e. la rate), l’oiseau vermillon (Zhuque i.e. le cœur), la Tortue (Xuanwu i.e. le Rein) et analogues; une catégorie de qigong « Zangfu Xiao lianxing » a des sons particuliers pour la pratique des organes internes; la diététique a également des principes de base pour l'alimentation des organes, tels que le « le cœur souffre de relâchement, vite on mange de l’acide et cela rétracte; le cœur désire la souplesse, on lui donne vite le salé qui assouplit ; manger du doux le disperse», « le foie souffre d'être comprimé, on donne vite du doux et il y a relâchement, le foie désire disperser, on lui donne du piquant qui est dispersant, on utilise le piquant pour tonifier, l'acide pour disperser », « la rate souffre d'humidité, vite on mange de l'amer et cela dessèche; la rate désire l'harmonisation vite, on mange du doux et cela harmonise. On utilise l'amer pour disperser, le doux pour tonifier », « les poumons souffrent facilement des offensives du qi vers le haut, on mange de l'amer et cela disperse; les poumons désirent rassembler, vite on prend de l'acide et cela collecte. On utilise l’acide pour tonifier, le piquant pour disperser », « les reins souffrent de la sécheresse, on absorbe vite du piquant (qui ouvre les pores et produit les liquides) et il y a humidification» et ainsi de suite.[2]
5. Les cinq saveurs régulent remarquablement la nature
La diététique divise les aliments en cinq saveurs : aigre, amer, doux, âcre, salée.
Selon la théorie « les cinq saveurs entrent dans les cinq organes », i.e. l’acide (suān) va au foie, le doux (gān) l’amer (苦 kǔ) va au cœur, le doux (gān) va à la rate, le piquant (xīn) va au poumon, le salé (xián ) va au rein. (Ndt : correction du texte chinois selon Lingshu et Suwen) (Ndt : correction du texte chinois selon Lingshu et Suwen - avec l'accord de ZML)
Dans la pratique, selon la nature des saveurs, l’analyse des
régulations mutuelles, la fonction des contrôles mutuels jouent un rôle dans la
formulation d'une ordonnance et une grande variété de méthodes d'assaisonnement
dans la cuisine est adaptée pour les besoins réels de chacun. Par exemple:
« l’acide peut gagner sur le piquant », quelque soit les aliments de
la catégorie ‘piquant’ (épicé), mettre un petit peu d’acide adoucira une saveur trop
piquante, nous mangeons tous les jours du piment frit et l’on ajoute par
habitude du vinaigre, la vérité est là ; de même par exemple « le
doux harmonise l’acide », nous buvons souvent des infusions de prunes
aigre-douce, à laquelle nous ajoutons du sucre pour le rendre délicieux, lavérité est que cela engendre les liquides (la salive) et arrête la
soif.
À partir des règles de pénétration des saveurs dans les cinq organes, on peut aller directement les nourrir en utilisant les saveurs, ou encore les utiliser pour modérer les saveurs « excessives » à cause d’habitude abusive telle que « le salé va au rein, mais trop de salé lèse le rein », et même blesse les os.
Donc les saveurs en « excès » ou « manquantes » sont contraires à l’intention d’une bonne santé (Yangsheng), ce point est également le plus raffiné de la diététique et la théorie la plus supérieure.
6. Théorie des similitudes
Les anciens selon l’adage « personne ne vaut Un », croient que toute chose appartient à un genre par nature, que les affinités se regroupent (théorie des similitudes NdT), ainsi en diétothérapie les produits de la chair et du sang du foie vont au foie, ceux du cœur au cœur, ceux du poumon au poumon, ceux de la rate à la rate et ceux du rein au rein ; de même pour les produits végétaux : les branches vont aux 4 membres, la pulpe (chair des fruits par ex. NdT) va aux muscles, la peau va à la peau, la fleur ouvre en haut. Et ainsi de suite.
7. Diététique appropriée
C’est la science médicale au centre du choix des aliments, aussi appelée diététique des 4 saisons, où chaque (aliment) est adapté selon les hauts et les bas physiques, souvent nourrissant à son niveau, où même le thé et l'eau potable peuvent être prescrites. En même temps que l’on mange, on peut prendre la pilule taoïste (fu’er), le tout associé avec les exercices quotidiens de la vie, faire des exercices de respiration (Tuna) et Qigong (Daoyin), dans une salle tempérée, accompagnée de remèdes médicinaux etc.
Selon la théorie des affinités des plantes et aliments (Yaoshi Tongyuan), cuisine et médecine sont « une part d’un tout dont l’usage est différent ».
Qi gong
En référence aux origines historiques on peut diviser le
qigong en qigong taoïste, qigong confucéen, qigong bouddhiste, et qigong
médical;
Selon les caractéristiques des pratiques on peut classer celles-ci en : daoyin (exercices), tuna (respiration), Cunxiang
(contemplation), Jingding (méditation), Zhoutian (circulation céleste) (en alchimie interne);
Selon la posture prise dans la pratique on peut être en: posture debout, assise, couchée ou en mouvement.
En régulant le corps, la respiration et l’esprit on atteint la bonne santé préventive, dans le but de dissiper les agents pathogènes, traiter la maladie. Cela suit la «loi naturelle», avec comme guide celle de yin et yang, la théorie des cinq éléments et d'autres théories et pour fondement la théorie des méridiens et la théorie des transformations (Qihua).
4 - Caractéristiques du "Qigong et de la diététique thérapeutiques"
- Théorie que l’homme est une partie intégrante de la nature (天人合一 tiānrénhéyī)
- Le respect de l’individu, la compatibilité dialectique (des différentes formes de remèdes - plantes et autres)
- Une réflexion systématique plus propice pour les maladies systémiques
Résumé 1
- médecine (thérapeutique) + diététique + qigong = unité des thérapies (yào ěr qìgōng hé yī liáofǎ)
- 1 + 2 + 3 = 6
- Vision vaste de la médecine chinoise
Résumé 2
Le Qigong, la diététique et la thérapeutique combinés utilisent à la fois le médicament (Yaowu), l’alimentation (Shi Er) et le Qi Gong, trois principes complexes qui se coordonnent, en fonction de l'objet, du but, des symptômes, du temps et de l'espace, en utilisant de façon flexible et adaptée la différentiation dialectique ; c’est bien plus que le médicament, la diététique, le qigong utilisés seuls.
Du point de vue de l’entretien de la santé (yangsheng), la
principale place devrait revenir au qigong, l’alimentation secondairement,
complétés par des médicaments;
Du point de vue du traitement (zhibing), le traitement doit
être fondé d’abord sur les médicaments (yaowu), l'alimentation en second, et le
qigong en supplément.
Le qigong – régule l'organisme (le corps humain) et régle la
circulation des Qimai, améliore la fonction des organes (wuzangliufu), des os
et des muscles, permet de résister à l'invasion des agents pathogènes (bingxie);
La diététique (shi er) - ajoute au corps de la vitalité
(jingqi), favorise la prospérité du Qi et du sang (qixue), réglemente les excès
de Yin ou de Yang (Yin Yang piansheng) de l'organisme;
Les médicaments (yaowu) – se concentrent sur la rectification.
Merci
Wēixìn:Emeichina
QQ: 88997877
Xīnlàng wēi bó:
[1] Expression issue du Su Wen, chapitre 74, Zhi Zhen Yao Da Lun, Résumé de la très
authentique vérité. NdT
[2] Les expressions entre guillemets sont extraits des chapitres 3, 5, 10, 22, 23, 40 et 76 du SU WEN et les chapitres 56 et 63 du LING SHU. NdT