La santé s’apprend !

par Richard Bansard

Yang Sheng Fa dans la tradition chinoise est un enseignement dont la philosophie repose sur la notion de « vivre longtemps, heureux et en bonne santé ». Il faut entendre que la pensée taoïste considère que l’homme dispose (ou disposait) d’un capital énergétique pour vivre 120 à 150 ans, ce que recoupent les données de biologie moderne estimant que l’homme à une espérance de vie correspondant à cinq fois la croissance des grands os (environ 25 ans).

Enfin, il est nécessaire de comprendre ou de prendre en compte que la médecine traditionnelle chinoise (MTC) est née de cette pensée taoïste pour œuvrer par la mise en œuvre de tout un ensemble de moyens préventifs à ce que l’homme puisse vivre sa pleine vie (la longue vie), et réaliser son lot de vie. Il est aujourd’hui clair que dans les sociétés modernes, la MTC n’est plus exclusivement préventive mais bien curative, ce qui n’empêche absolument pas de rappeler ce fondement initial et le sens de ce que « préserver sa santé » peut contenir et enseigner.

Il ne s’agit pas d’ajouter des jours à la vie, mais de la vie aux jours ! 

120 à 150 ans disions-nous ! Force est de constater que la moyenne de vie n’est que de 75 ans. Une question se pose alors : « où passe la différence ? ». La pollution, le stress, le rythme de vie imposé par des contraintes de plus en plus lourdes sont sans doute au nombre des causes, dont certaines ne sont pas directement accessibles pour être gérées. Mais il en est une qui nous est propre et tout à fait gérable : l’hygiène de vie. Quand on interviewe des personnes de grand âge, autonomes et non médicalisée, on découvre que « leur secret de longue vie » repose essentiellement sur la façon, simple et régulière, avec laquelle elles ont vécu. 

Au premier chapitre du Nei Jing, l’Empereur Huangdi interroge son médecin particulier Qi Bo sur les raisons qui faisaient que les gens de la Haute Antiquité vivaient plus longtemps qu’alors (texte d’il y a environ 3000 ans !) et le médecin de répondre :
« […] En ce temps-là, les gens respectaient la loi du Yin Yang, se conformaient aux nombres et suivaient le cycle des saisons ; satisfaits de leurs vêtements, sans recherche pour de plus hautes distinctions, heureux, [...] ils vivaient cent ans et plus ! ».

Nous portons nos autos en révisions avant la panne, nous allons chez le coiffeur, l’esthéticienne, … mais que faisons-nous réellement pour nous-mêmes sur le plan de notre santé ? Hygiène de vie disions-nous ! C’est bien là un sujet pour lequel nombre de choses seraient à dire ou a réapprendre. Ainsi, pratiquer régulièrement des exercices, tel que marcher tranquillement et consciemment ; équilibrer les activités physiques et intellectuelles ; avoir un rythme veille-sommeil régulier et cohérent ; intégrer dans ses habitudes la pratique d’activités qui gardent l’esprit au calme (calligraphie, Qi Gong, peinture, papiers découpés, écriture, méditation, …) ; prendre ses repas en paix et à heures régulières...

L’alimentation, qui occupe une place non négligeable dans ce domaine, est considérée comme étant la première médecine, accessible à tous ceux qui font l’effort d’y être attentif. Il nous semble que dès lors que l’on ingère des aliments tout est automatique, comme respirer par exemple. Mais en fait l’alimentation est une clé importante vis-à-vis de la bonne santé. D’elle découle tout un ensemble de choses. Il ne faut pas la limiter à la seule considération de ce qui, de nos assiettes, passe à l’estomac. Rechercher les produits les plus « propres », bios, naturels est un premier pas dans la démarche de « bien se nourrir ».

Cependant, parallèlement à la composition de nos repas (céréales, légumes, légumineuses, …), il est nécessaire de veiller à prendre ses repas tranquillement, sans être engagé dans des discours importants, le plus au calme possible. Sur ce point, le plateau TV n’est pas le mieux ! Assis tranquillement à table reste la meilleure des façons pour prendre son repas.

Il faudra également veiller à ce que les portions soient adaptées aux activités de chacun, en en modérant l’importance pour que l’organisme soit en situation d’optimaliser sa capacité de transformation du bol alimentaire. Il conviendrait, dans ce calme rétabli, de prendre le temps de mastiquer correctement et ne pas ingérer le repas à la va-vite. Naturellement, les repas du type « sandwich » pris au coin du bureau, le nez dans un livre ou sur un dossier ou rivé sur l’écran d’un téléphone mobile ou d’un PC ne sont pas les meilleurs compagnons du déjeuner. Pas plus d’ailleurs que les « repas » pris en marchant dans la rue, en flânant devant les vitrines. Il est nécessaire de manger en conscience, attentif aux couleurs, à la saveur, aux parfums, à la texture de ce qui compose nos repas et d’utiliser la dentition à préparer les aliments à être réceptionnés et traités par l’estomac. 

Nous mangeons pour nous nourrir et non pas simplement pour faire le plein

L’estomac, appelé Grenier des cinq graines, n’étant pas un réservoir mais un organe de transformation du bol alimentaire qui a grand besoin qu’on lui mâche le travail. L’estomac, en amont de tous les autres organes du processus digestif, joue un rôle important pour que l’absorption des nutriments soit optimale, pour peu que les conditions de l’ingestion du repas ne soient pas incorrectes. 

Enfin, tout aussi surprenant que ce soit, le froid, le cru ne sont pas les meilleurs alliés en ce concerne la nutrition. Boire froid ou glacé, finir le repas par des entremets glacés ne constituent pas des habitudes alimentaires salutaires. La digestion étant un processus énergétique où la chaleur joue un rôle important (l’estomac fait sa cuisine), le froid aura comme tendance à bloquer cette activité. Il est préférable de boire chaud, de l’eau ou éventuellement du thé, un thé que l’on pourra infuser plusieurs fois, 3 à 5 fois pour une même dose de thé.   

Dans ces conditions, manger devient le premier pan d’une démarche de transformation des habitudes de vie, d’une hygiène de vie propice à œuvrer pour sa santé.
Alors, bon appétit à tous !

Richard